Long d’environ 8 mètres et représentant une surface digne d’un terrain de tennis (200 m2), l’ intestin se montre bien plus surprenant qu’on peut le penser! En effet, cet organe lové au sein de la cavité abdominale abrite plus de 100 000 milliards de bactéries et près de 200 millions de neurones1. C’est presque autant de neurones que dans le cortex d’un chat ou d’un chien… Tout tend à montrer que l’ intestin est un deuxième cerveau, aussi sensible et intelligent que le premier. Qu’en est-il réellement ?

L’ intestin, siège d’un système nerveux complet

C’est seulement au 19ème siècle que Léopold Auerbach, un anatomiste allemand a détecté la présence de neurones dans l’ intestin. L’ensemble de ces neurones est maintenant bien connu, on l’appelle le Système Nerveux Entérique (SNE). Composé de près de 200 millions de neurones tapissant la paroi du tube digestif, il établit une connexion étroite avec le cerveau.

Ce « cerveau » propre à l’ intestin joue un rôle évident dans la digestion en assurant la motricité intestinale, mais il aurait aussi un impact sur le bien-être mental et physique. En effet, des études ont montré que le système nerveux entérique produit 95 % de la sérotonine, un neurotransmetteur qui participe à la gestion des émotions2. Un déséquilibre dans sa sécrétion peut être à l’origine de problèmes psychologiques comme le stress, l’anxiété et les phobies3,4.

Les neurones du SNE produisent par ailleurs de la dopamine. Cette hormone associée au bonheur qui est aussi responsable du sentiment de satiété2.

Ces découvertes ont marqué les débuts de la recherche sur l’axe intestin – cerveau, au sein duquel un troisième acteur s’est glissé : le microbiote intestinal.

Un microbiote intestinal au service de l’organisme

Le microbiote désigne l’ensemble des micro-organismes (bactéries, virus, parasites et champignons non pathogènes) vivant dans un environnement spécifique (le microbiome). Il existe dans l’organisme différents microbiotes (cutané, buccal, vaginal, intestinal, etc.) qui correspondent à des populations de micro-organismes différentes. Le microbiote intestinal est le plus important d’entre eux : il est composé de près de 100 000 milliards de micro-organismes vivant en symbiose avec l’organisme, pour un poids proche de 2 kilogrammes1.

La symbiose est l’association constante, obligatoire et spécifique ente deux organismes ne pouvant vivre l’un sans l’autre, chacun d’eux tirant un bénéfice de cette association5. Dans le cas du microbiote intestinal, l’organisme héberge les bactéries qui le protègent d’une infection par des micro-organismes pathogènes. En somme, ces bactéries intestinales sont de « bonnes bactéries », sans lesquelles de nombreux dysfonctionnements apparaîtraient.

En effet, on sait aujourd’hui que le microbiote intestinal prend part aux fonctions digestive, métabolique, immunitaire et neurologique de l’organisme. Aussi, l’altération de la flore intestinale (ou dysbiose) serait associée à de nombreuses pathologies métaboliques, auto-immunes ou inflammatoires1, 6. Au contraire, des traitements visant à promouvoir l’équilibre de la flore intestinale ou le développement de certaines souches bactériennes au sein de cette flore pourraient avoir un impact positif dans la prise en charge de plusieurs maladies, telles que les cancers7.

 

Hébergeant un microbiote surpuissant et un système nerveux quasi autonome, l’ intestin est un acteur majeur dans la santé de l’organisme. De nombreuses équipes de recherche étudient encore aujourd’hui son fonctionnement et pourraient révéler son rôle dans de nombreux mécanismes pathologiques.

Voici encore une excellente raison d’adopter de bonnes habitudes alimentaires qui préserveront l’intestin et son microbiote !

 

Sources

  1. Inserm, Microbiote intestinal et santé, Consulté le 11.04.2017, Disponible en ligne sur : www.inserm.fr/thematiques/physiopathologie-metabolisme-nutrition/dossiers-d-information/microbiote-intestinal-et-sante
  2. Le ventre, notre deuxième cerveau. Documentaire de Cécile Denjean, diffusé sur Arte, janvier 2014.
  3. John R. Kelly, et al. Breaking down the barriers: the gut microbiome, intestinal permeability and stress-related psychiatric disorders, Front Cell Neuroscience, 2015. Disponible sur : www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4604320/
  4. Martin AM et al. Regional differences in nutrient-induced secretion of gut serotonin, Mars 2017.
  5. Définition du Dictionnaire Larousse médical
  6. Landman C. et al. Gut microbiota: Description, role and pathophysiologic implications, Juin 2016.
  7. Sophie Viaud et al. The intestinal microbiota modulates the anticancer immune effects of cyclophosphamide, Science, 2013. Disponible sur : http://science.sciencemag.org/content/342/6161/971